Secrets à partager ?
In L'Ecole des parents, 590 (mai 2011), p. 18 à 35 En premier lieu, il y a cette part de soi qu'on livre à l'autre, et en retour la certitude de la "parole donnée", que celui qui voit et entend n'ira rien en dire. Le secret professionnel, qui interdit de révéler, est donc une histoire de lien, précieux, indéfectible, pour que se tisse la confiance entre un individu et un autre venu pour le soigner à la demande du corps social. Mais la société a besoin d'être informée, pour protéger. Tout n'est pas à taire, les crimes, la maltraitance, la mise en danger de soi, des enfants, des autres. Or le secret constitue cette zone opaque, à la frontière entre espace intime et espace publique, non seulement objet juridique mais politique et social qui empêche de savoir, alors qu'aujourd'hui la société revendique une certaine transparence et un travail en réseau. Les lois votées en 2007 qui réforment la protection de l'enfance et la prévention de la délinquance ont ainsi instauré le secret partagé, à condition d'en informer les usagers, et incitent les professionnels à se délier de leur secret. La boite soigneusement close par la loi, dont les clés sont entre leur mains, transforme donc les choses vues et entendues en "informations à caractère secret", objets de convoitise, dans le but affiché de mieux coordonner l'action pour mieux protéger. Mais entre protection et contrôle la frontière n'est pas toujours si éloignée ! |
« Secrets à partager ? »
in L'Ecole des parents, 590 (mai 2011), p. 18 à 35.
Titre : | Secrets à partager ? (2011) |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | L'Ecole des parents (590, mai 2011) |
Article : | p. 18 à 35 |
Langues: | Français |
Descripteurs : |
Motbis confiance / éthique professionnelle / métier : secteur social / relation administration-usager / secret professionnel |
Résumé : |
En premier lieu, il y a cette part de soi qu'on livre à l'autre, et en retour la certitude de la "parole donnée", que celui qui voit et entend n'ira rien en dire. Le secret professionnel, qui interdit de révéler, est donc une histoire de lien, précieux, indéfectible, pour que se tisse la confiance entre un individu et un autre venu pour le soigner à la demande du corps social. Mais la société a besoin d'être informée, pour protéger. Tout n'est pas à taire, les crimes, la maltraitance, la mise en danger de soi, des enfants, des autres. Or le secret constitue cette zone opaque, à la frontière entre espace intime et espace publique, non seulement objet juridique mais politique et social qui empêche de savoir, alors qu'aujourd'hui la société revendique une certaine transparence et un travail en réseau. Les lois votées en 2007 qui réforment la protection de l'enfance et la prévention de la délinquance ont ainsi instauré le secret partagé, à condition d'en informer les usagers, et incitent les professionnels à se délier de leur secret. La boite soigneusement close par la loi, dont les clés sont entre leur mains, transforme donc les choses vues et entendues en "informations à caractère secret", objets de convoitise, dans le but affiché de mieux coordonner l'action pour mieux protéger. Mais entre protection et contrôle la frontière n'est pas toujours si éloignée !
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Nature du document : | documentaire |
Date de création : | 15/06/2011 |