La civilisation du poisson rouge
de Bruno Patino Grasset, 2019, 166 p. « Le poisson rouge tourne dans son bocal. Il semble redécouvrir le monde à chaque tour. Les ingénieurs de Google ont réussi à calculer la durée maximale de son attention : 8 secondes. Ces mêmes ingénieurs ont évalué la durée dattention de la génération des millenials, celle qui a grandi avec les écrans connectés : 9 secondes. Nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés. Une étude du Journal of Social and Clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum dexposition aux réseaux sociaux et aux écrans dInternet au-delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale. Daprès cette étude, mon cas est désespéré, tant ma pratique quotidienne est celle dune dépendance aux signaux qui encombrent lécran de mon téléphone. Nous sommes tous sur le chemin de laddiction : enfants, jeunes, adultes. Pour ceux qui ont cru à lutopie numérique, dont je fais partie, le temps des regrets est arrivé. Ainsi de Tim Berners Lee, « linventeur » du web, qui essaie de désormais de créer un contre-Internet pour annihiler sa création première. Lutopie, pourtant, était belle, qui rassemblait, en une communion identique, adeptes de Teilhard de Chardin ou libertaires californiens sous acide. La servitude numérique est le modèle quont construit les nouveaux empires, sans lavoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au cur du réacteur, nul déterminisme technologique, mais un projet qui traduit la mutation dun nouveau capitaliste : léconomie de lattention. Il sagit daugmenter la productivité du temps pour en extraire encore plus de valeur. Après avoir réduit lespace, il sagit détendre le temps tout en le comprimant, et de créer un instantané infini. Laccélération générale a remplacé lhabitude par lattention, et la satisfaction par laddiction. Et les algorithmes sont aujourdhui les machines-outils de cette économie Cette économie de lattention détruit, peu à peu, nos repères. Notre rapport aux médias, à lespace public, au savoir, à la vérité, à linformation, rien néchappe à léconomie de lattention qui préfère les réflexes à la réflexion et les passions à la raison. Les lumières philosophiques séteignent au profit des signaux numériques. Le marché de lattention, cest la société de la fatigue. Les regrets, toutefois, ne servent à rien. Le temps du combat est arrivé, non pas pour rejeter la civilisation numérique, mais pour en transformer la nature économique et en faire un projet qui abandonne le cauchemar transhumaniste pour retrouver lidéal humain »B.P. |
Patino Bruno.
La civilisation du poisson rouge.
Grasset, 2019, 166 p.
Titre : | La civilisation du poisson rouge |
Auteurs : | Bruno Patino, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Grasset, 2019 |
ISBN/ISSN : | 978-2-246-81929-5 |
Format : | 166 p. |
Index. décimale : | 680 (Numérique) |
Descripteurs : |
Motbis attention / conversation interactive : Internet / informatique / organisation du temps / pratique culturelle / temps |
Mots-clés: | concentration / surveillance électronique / addiction |
Résumé : |
« Le poisson rouge tourne dans son bocal. Il semble redécouvrir le monde à chaque tour. Les ingénieurs de Google ont réussi à calculer la durée maximale de son attention : 8 secondes. Ces mêmes ingénieurs ont évalué la durée dattention de la génération des millenials, celle qui a grandi avec les écrans connectés : 9 secondes. Nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés.
Une étude du Journal of Social and Clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum dexposition aux réseaux sociaux et aux écrans dInternet au-delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale. Daprès cette étude, mon cas est désespéré, tant ma pratique quotidienne est celle dune dépendance aux signaux qui encombrent lécran de mon téléphone. Nous sommes tous sur le chemin de laddiction : enfants, jeunes, adultes. Pour ceux qui ont cru à lutopie numérique, dont je fais partie, le temps des regrets est arrivé. Ainsi de Tim Berners Lee, « linventeur » du web, qui essaie de désormais de créer un contre-Internet pour annihiler sa création première. Lutopie, pourtant, était belle, qui rassemblait, en une communion identique, adeptes de Teilhard de Chardin ou libertaires californiens sous acide. La servitude numérique est le modèle quont construit les nouveaux empires, sans lavoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au cur du réacteur, nul déterminisme technologique, mais un projet qui traduit la mutation dun nouveau capitaliste : léconomie de lattention. Il sagit daugmenter la productivité du temps pour en extraire encore plus de valeur. Après avoir réduit lespace, il sagit détendre le temps tout en le comprimant, et de créer un instantané infini. Laccélération générale a remplacé lhabitude par lattention, et la satisfaction par laddiction. Et les algorithmes sont aujourdhui les machines-outils de cette économie Cette économie de lattention détruit, peu à peu, nos repères. Notre rapport aux médias, à lespace public, au savoir, à la vérité, à linformation, rien néchappe à léconomie de lattention qui préfère les réflexes à la réflexion et les passions à la raison. Les lumières philosophiques séteignent au profit des signaux numériques. Le marché de lattention, cest la société de la fatigue. Les regrets, toutefois, ne servent à rien. Le temps du combat est arrivé, non pas pour rejeter la civilisation numérique, mais pour en transformer la nature économique et en faire un projet qui abandonne le cauchemar transhumaniste pour retrouver lidéal humain »B.P. |
Nature du document : | documentaire |
Date de création : | 08/05/2020 |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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680 PAT | Gestion - Organisation - Communication | C.D.R. | 025438 | Disponible |